Avant de partir, nous nous étions dit qu'une fois arrivés à Buenos Aires, nous déciderions si oui ou non nous continuerions à naviguer vers le Sud. C'est ce que nous avons fait en choisissant de ne pas aller plus bas mais de profiter de notre séjour dans la capitale argentine pour visiter le pays et son voisin l'Uruguay et ensuite de remonter vers le Nord et les Antilles.
Le 10 février 2015, nous prenions le ferry et puis le bus jusqu'à Montevideo, capitale uruguayenne située pratiquement en face de Buenos Aires sur l'autre rive du Rio de la Plata.
L'Uruguay est un pays essentiellement agricole. Durant le trajet en bus, nous avons aperçu d'immenses champs de céréales ainsi que de nombreux troupeaux de vaches dans les prés; ce qui ne nous était plus arrivé depuis bien longtemps ! Elles vivent dans de bonnes conditions, pas étonnant que le bœuf uruguayen soit si bon.
Plus petite et plus calme que sa voisine argentine, Montevideo présente d'élégantes demeures coloniales à côté de hautes constructions tout en béton bordant des avenues boisées aux trottoirs défoncés. Nous avons loué des vélos pour faire une belle balade en suivant la rambla, cette route côtière d'une dizaine de kilomètres qui longe le Rio de la Plata. Il y a des plages de sable blanc (artificielles ?) qui donnent sur les eaux brunes (riches en fer) du Rio de la Plata. Nous n'avons jamais été tentés de nous y baigner. Nous avons également visité le petit cimetière, dont l'allée centrale est bordée de palmiers et dont certaines tombes sont de surprenantes œuvres d'art. Le Yacht Club de Montevideo est petit et nous n'avons malheureusement pu ne le voir que de loin.
Le 20 février 2015, nous prenions l'avion jusqu'à Ushuaia, ville mythique pour tous les marins. Ushuaia est lovée entre le canal de Beagle et les sommets andins enneigés, offrant de la sorte aux voyageurs des paysages magnifiques mêlant l'eau et la roche. Le vent qui jamais ne cesse de souffler fait sans cesse varier la beauté de ces paysages.
Ushuaia n'a malheureusement plus rien d'un typique village indien mais est devenue une destination touristique prisée des gros paquebots qui vont en Antarctique et de biens d'autres aventuriers. La ville est décevante car essentiellement tournée vers la consommation, nous ne nous y sommes guère attardés. En s'éloignant du centre ville, on a l'impression de traverser un vaste terrain vague où tout semble se délabrer rapidement. Heureusement, notre hôtel se trouvait en dehors de la ville et notre chambre avait une vue magnifique sur le Canal de Beagle et les sommets chiliens. De là, nous avons pu faire quelques très belles promenades dans une nature étonnante.
Nous avons visité le Parc National de la Terre de Feu là où se termine la RN n° 3 reliant Buenos Aires à la baie de Lapataia sur plus de 3000 kilomètres, c'est la route la plus australe du monde, sa fin correspond à la fin du monde "carrossable". Pour y accéder nous avons traversé une grande forêt qui connaît seulement deux variétés d'arbres et quelques animaux comme le renard, le lapin, le castor, une espèce de rat, des oiseaux tels le condor et toutes sortes d'oiseaux marins. Il y a aussi les chiens de traîneau et toutes sortes de chiens sauvages comme rencontrés souvent en Argentine. Nous avons également fait une excursion en catamaran sur le Canal de Beagle et avons admiré des pingouins, des otaries, des lions de mer et des cormorans royaux au poitrail blanc. Nous sommes bien entendu allés voir les bateaux au mouillage dans la baie d'Ushuaia mais n'en avons reconnu aucun alors que nous avions croisé plusieurs équipages qui souhaitaient descendre jusqu'ici. Peut-être étaient-ils à Puerto Williams, au Chili, juste en face ou toujours en route ou déjà passés ?
Le vent règne en maître sur le climat et peut être glacial - un jour il soufflait si fort qu'il nous empêchait d'avancer et de respirer quand nous l'avions de face. Pour nous qui vivons depuis plusieurs mois dans la chaleur et depuis décembre avec 30°C tous les jours, la transition était sensible... brrr nous avions recouverts notre corps de plusieurs épaisseurs de vêtements chauds, ne laissant apparaître que le bout de notre nez !
Nous avons passé une excellente semaine à nous promener tout en admirant l'eau, les montagnes et le ciel, la faune et la flore.
En mars, nous avons choisi de visiter les Andes et avons passé une semaine à Salta, très jolie ville située à 1187 m d'altitude. Dès notre arrivée, deux choses nous ont d'emblée impressionnés, le calme et la pureté de l'air. Quand on vient de Buenos Aires, mégapole plus peuplée que la Belgique, la différence est vraiment notoire. Nous y avons joué aux parfaits touristes faisant 4 excursions en minibus avec arrêt prévus pour les photos, pour les toilettes, pour les visites des ateliers d'artisanat andin et pour les repas pris avec orchestre de musique andine ! Mais bon, cela valait la peine car les paysages sont vraiment somptueux et le fait de ne pas conduire permet d'en profiter totalement. Nous avons vu des guanacos et des lamas. Nous sommes montés jusqu'à 4170 m d'altitude, nous vivons au niveau de la mer depuis des mois mais cela ne nous a pas perturbés. Cette semaine nous a comblés de paysages très différents de ceux que nous verrons tout au long de notre voyage en bateau, cela valait vraiment la peine.
Le 27 mars, nous avons quitté Buenos Aires à regret. Cette ville gigantesque est vraiment très belle et nous y serions restés volontiers davantage tant il y de choses que nous souhaitions encore voir. Nous repassons au Yacht Club de la Plata pour y préparer le bateau et faire les formalités de sortie d'Argentine avant de remonter vers Salvador de Bahia au mois d'avril.